La nouvelle création de Florence Boyer déploie une danse contemporaine ancrée dans la spiritualité du maloya et du KRUMP.
Démayé pose la question du sens de la vie : elle figure l’existence à travers des lignes qui peuvent être oppressantes lorsqu’elles nous entravent, nous piègent ou nous tordent les boyaux, mais qui peuvent aussi nous ressourcer lorsqu’elles nous réinscrivent dans les mailles du vivant et nous réconcilient avec nos mémoires profondes.
Au commencement, entre terre et ciel, un cocon suspendu : une Enfant (re)naît des cendres d’un monde ravagé.
À l’image du roseau (flûte), l’Enfant ne peut chanter et aimer qu’à travers l’entaille qui l’ouvre au souffle de l’infini. L’Ombre de l’Enfant est vivante : aussi grande que l’Enfant est petite, aussi colossale que l’Enfant est chétive.
L’Ombre et l’Enfant : deux pôles magnétiques qui, à travers un jeu de ficelles, déploient des paysages insolites.
Dans un corps à corps malicieux avec son Ombre, l’Enfant dialogue avec les morts, tire sagesse et puissance de toutes ces vies qui l’ont précédées, et qui s’inscrivent à même sa chair. Démayé, c’est remonter le fil du temps pour féconder les rêves inac- complis. À travers une poétique des cordes, l’Enfant et l’Ombre ne cessent d’échanger les rôles, de passer d’une figure à une autre : animaux, plantes, esprits, éléments (vent, terre, etc.). Ils renouent ainsi avec l’essence de la danse : la transe-figuration. Quête initiatique, le duo « Démayé » nous invite à parcourir la toile cosmique: épouser la mort elle-même, les puissances de l’ombre et de l’humus, pour mieux renaître dans la lumière de l’aube.
Mise en texte : Dénètem TOUAM BONA
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